Bioéthanol Abondance de stocks
Le marché français du bioéthanol est annoncé en baisse de 10 % sur 2020. La crainte vient surtout des importations UE depuis les États-Unis alors que les Américains croulent sous la marchandise.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La crise sanitaire du coronavirus a provoqué l’effondrement du marché du bioéthanol, dont la consommation est intimement liée à celle de l’essence. Or, cette dernière a chuté fortement (- 70 % en avril 2020 et - 45 % au 20 mai), du fait des moindres déplacements de la population lors du confinement (lire aussi en page 19). Sylvain Demoures, secrétaire général du SNPAA (1), anticipe un recul de 10 % du marché de l’éthanol d’ici à la fin de l’année 2020.
Exportations américaines massives
Si la filière française commence à reprendre un peu de couleurs ces derniers jours, elle s’inquiète toutefois de la situation outre-Altlantique. En effet, aux États-Unis, où la production est dix fois plus importante que dans l’Union européenne (UE), « les stocks représentent environ les trois quarts du marché européen ! », chiffre Jérôme Bignon, responsable des affaires réglementaires chez Cristal Union et président du SNPAA. Ces stocks atteignaient 3,222 Mt entre mars et mai 2020 contre 2,934 Mt sur la même période en 2019. Or l’éthanol américain, fabriqué essentiellement avec du maïs, est 10 % moins cher que l’éthanol européen une fois les droits de douane payés. Avec la réduction de la taille des marchés pour l’éthanol dans l’UE mais aussi aux États-Unis du fait du coronavirus, la crainte est par conséquent de voir arriver de gros volumes de biocarburant américain sur l’Union, qui vont se substituer à la production européenne, nous empêchant de profiter de la reprise de la consommation de l’essence.
Ces importations américaines avaient déjà explosé depuis la fin des droits antidumping vers l’UE début 2019, avec une progression de 200 % entre 2019 et 2018. Et la tendance continue sur un rythme soutenu : sur le premier trimestre 2020, elles ont progressé de 67 % par rapport à 2019 sur la même durée. Au Brésil (qui représente six fois la production européenne), le risque est là aussi : « Il n’est pas dit que le Brésil ne vienne pas non plus dans l’UE cet été, alerte Jérôme Bignon. Même si le pays doit fabriquer davantage de sucre que d’éthanol cette année et qu’il possède un marché en Californie. »
Le risque brésilien pourrait aussi être pondéré par l’impact de la dévaluation de la monnaie.
Isabelle escoffier
(1) Syndicat national des producteurs d’alcool agricole.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :